Parfois, en ouvrant l'un de mes nombreux carnets, je trouve un petit texte écrit des années auparavant, comme celui-ci, que j’ai eu envie d’illustrer ici. (Il y en aura sûrement
d’autres, au fil des mois :o)
Tout d’un coup je me vois, écrivant plus ou moins
soigneusement les majuscules d’un nom sur un papier de réservation, au milieu
d’une librairie éclairée par des néons.
Je regarde mes mains, faites pour peindre et dessiner, pour pétrir et caresser, pour sentir battre le cœur des arbres. Dans cette lumière artificielle, elles ont l’air à la fois démunies et impertinentes.
C’est une vision fugace mais pleine de sens, comme si j'examinais la flaque gelée sur laquelle je marche, et que j’apercevais un petit fond de vase douce, des feuilles de chêne qui en émergent à demi endormies, et quelques miettes de forêt en suspension dans les bulles d’air.
Dans la librairie, les choses qui m’entourent
sont devenues ternes et creuses, mais curieusement attendrissantes, peut-être
parce que le regard qui les dévoile est curieux et vivant.
À l'époque, cet univers terne et creux, qui était celui de mon environnement de travail, m'oppressait d'autant plus qu'il m'apparaissait comme inévitable : la question "Comment font les gens pour rester enfermés toute la journée ? Et comment vais-je y arriver ?" me hantait tous les jours.
:o)