For most of the
summer I have been literally lost in translation, which kept my mental
processes on a spin: it was very un-grounding. (English summary below :o)
Souvent, je dois oublier les mots et le langage humain, pour mieux me laisser habiter par la texture du monde.
Au lieu de chercher à comprendre ou à décrire
l’univers qui m’entoure, je voudrais m’abandonner à ses ondes subtiles et
omniprésentes ; être simplement portée par ses courants profonds, sans
effort et sans crainte.
Car le monde vivant fait partie de moi comme je
fais partie de lui : je suis à ma place lorsque je lui cède la place,
lorsque je le laisse s’exprimer à travers moi, lorsque j’entends sa voix résonner
à l’intérieur.
Sa voix à la fois multiple et intime, mystérieuse et familière…
Sa voix à la fois multiple et intime, mystérieuse et familière…
Sans cette connexion primordiale – ressentie au
présent, à l’écoute de nos sensations – nous ne vivons pas véritablement nos existences,
puisque nous restons en surface, isolés.
Remis à l'eau, nous découvrons à quel point il
est bon de nager, de fendre l’eau sans effort et sans crainte, puisqu’elle nous
porte et fait partie de nous – comme nous le rappelle l'eau vivante de nos lacs, de nos fleuves et rivières, de l'océan.
Au printemps, lorsque la terre renaît, je
retrouve cette connexion énergétique et sensorielle avec une profonde
gratitude, une joie frémissante qui me parcourt le corps et l’âme.
Lorsque je marche "au hasard" sur la colline, je bascule ainsi
progressivement (parfois en quelques instants) dans un état de présence qui
rend les mots caducs, même s’ils dérivent encore comme des bancs de poissons
transparents sous la surface de l’eau, avant de disparaître.
Car alors ce sont plutôt les choses vivantes qui
me parlent, d’une voix que j’ai connue bien avant le langage phonétique, bien
avant la dissociation de l’expérience et du sens, de la perception et de la
compréhension.
De nouveau, tout est réuni, tout est là.
Ce que je perçois et ce que je comprends, ce que je ressens et ce que je devine : tout est présent, en même temps, dans la texture du monde vivant.
Ce que je perçois et ce que je comprends, ce que je ressens et ce que je devine : tout est présent, en même temps, dans la texture du monde vivant.
Et chaque soir, le chant des criquets tisse de bien-être la trame des heures, qui se fondent les unes aux autres avec bonheur.
Mais cet état d’unité, cet enracinement serein me
font souvent défaut en ville (où, à la belle saison, les journées sont plutôt rythmées par les
scies électriques et autres engins) et durant les longs mois d’hiver, lorsque
le gel engourdit la terre et ses habitants.
Ou lorsque des semaines de traduction intensive me maintiennent dans une succession de processus mentaux qui me coupent, progressivement, de mes sensations.
Ou lorsque des semaines de traduction intensive me maintiennent dans une succession de processus mentaux qui me coupent, progressivement, de mes sensations.
Je sais que mon apprentissage doit se
poursuivre là où il a commencé : dans la forêt.
Je dois d'abord approfondir ce lien sensoriel et
intuitif avec le monde vivant, jusqu'à ce qu'il s'imprime véritablement en moi, à sa manière subtile et mystérieuse.
Et puis, chaque jour sur mon balcon (dans la lumière du matin ou l'intimité du soir), je cultive cet enracinement en invoquant la présence particulière d'un arbre
qui m’inspire, en retrouvant la vibration d'un lieu qui m'a bercée récemment.
Ou l'appel feutré de la lune qui se lève, sereine.
Je crée ainsi un petit sentier énergétique entre la colline et moi, que je pourrai retrouver plus facilement de mémoire, parce que je l'aurai parcouru souvent.
Alors, peu à peu, mes racines deviennent à la fois plus profondes et plus subtiles, traversant l'espace et le temps, pour me relier en permanence à cette terre vivante qui s'incarne en nous…
Chaque fois que la porte s’entrouvre, il est bon de s’arrêter pour écouter, même si les messages qui nous parviennent sont formulés dans un langage oublié.
Car leur sens et leur portée résonnent, secrètement et depuis longtemps, en chacun de nous.
:o)
:o)
Summer is the
one season where I can truly resource myself in Nature, grounding my soul in the
present moment through all of my senses. But in the noisy city, or during the
long freezing winters, I tend to loose this vital, sensuous connection with the
natural world, and therefore my own balance. And yet... with trust and
dedication, I know I can dig my roots deeper.