mardi 28 janvier 2014

Lola le chat


Lola est mon maître Zen, ma compagne de flamenco, ma charmante colocataire, et l’image exacte du chat dont j’ai rêvé pendant toute mon enfance.

L'été, je traduis sur mon balcon. Lola m'apporte un soutien moral en faisant la sieste.

Elle est arrivée dans ma vie il y a quatre ans, par une étrange suite de coïncidences.

C’était au tout début septembre, et je me sentais perdue et découragée à cause de six jeunes chats sans domicile que je n’avais pas réussi à sauver. Leur histoire est un peu trop triste pour être racontée aujourd’hui, mais je vous en parlerai peut-être un jour.


Source inépuisable de fascination fébrile : une mouche

Cet après-midi là, au lieu d’aller en vélo jusqu’au Mont-Royal pour me laisser consoler par les arbres et le ciel comme j’en avais l’intention, j’ai rapidement fait demi-tour, le cœur gros. Sans trop savoir pourquoi, je me suis installée sur le trottoir devant chez moi, et j’ai commencé à nettoyer mon vélo. Quelques minutes plus tard, deux femmes sont passées par là et l’une d’elles m’a demandé : « Est-ce que vous cherchez un chat ? »

Je l’ai dévisagée, stupéfaite. Se pouvait-il qu’elle soit au courant ? Mais elle a simplement ajouté : « Nous avons recueilli chez nous une jeune chatte qui vivait dans la rue, nous l’avons emmenée chez le vétérinaire et tout, mais nous ne pouvons pas la garder, car elle se bagarre constamment avec nos deux chats à nous. Elle a un an environ. Voudriez-vous l’adopter ? »

Je savais déjà que j’allais dire oui.

Je les ai donc suivies chez elles, un peu plus haut dans la rue, et j’ai été présentée à ce petit personnage bicolore, qui m’a accueillie comme une amie perdue de vue, en ronronnant.


Le matin, avant toute chose : on grignotte des brins d'herbe

Je me suis souvenue qu’elle m’avait accueillie de la même façon, sur le trottoir, quelques semaines plus tôt, à plusieurs reprises. Elle semblait heureuse et bien nourrie (les dames en question avaient déjà commencé à s’en occuper) et j’étais loin de me douter qu’elle n’avait pas de maison. Alors je l’avais simplement caressée en retour.

Ce même soir, nous nous sommes endormies ensemble.


Lola donne souvent l’impression d’être un chien déguisé, notamment lorsqu’elle accourt à la porte au bruit de la « sonnette » (qui ressemble plutôt à une toux étranglée).

Ou lorsqu’elle galope après une balle en dérapant sur le plancher, se jette sur le sol en joueur de rugby, les épaules en premier, et reste ensuite immobile avec la balle entre les pattes, en attendant les applaudissements de la foule.


Un peu comme ceci. (Sauriez-vous résister ?)


Son public conquis promène alors amoureusement les mains dans la fourrure blanche et soyeuse de son petit ventre rond.

C’est également un authentique félin, et à ce titre s’improvise tout naturellement comme mon maître Zen : elle me rappelle de vivre chaque instant, suivre mon intuition, me reposer souvent, jouer et danser, juste pour le plaisir.

Et bien sûr, Lola est ma muse.


Endormie dans mon carnet

Vous aurez donc plus d’une occasion de la voir dans ces pages :o)

Mais elle est heureuse d'y côtoyer plein d’autres animaux. Et des oiseaux.

:o)


PS – la version anglaise (juste en-dessous) est parue avec un autre échantillon de photos et de dessins… avis aux amateurs !


Sans commentaires  :o)

dimanche 26 janvier 2014

Lola The Cat


Lola is my Zen master, my Flamenco companion, my lovely roommate, and the very image of the cat I had wished for during my childhood.

Playing Tahiti on my balcony

She came into my life four years ago, through a strange thread of coincidences.

It was early September, and I was feeling dismayed and disheartened over six young homeless cats that I had not been able to save - that story is a bit too sad for this post, although I might share it with you one day.


There is a squirrel behind the window

For some reason, instead of biking to the hill that afternoon in the hope of finding some solace there, as I had planned, I came back and decided to clean my bike instead, right there on the sidewalk. A few minutes later, two women passed me by, and one of them said: "Are you looking for a cat?"

I simply stared at her, speechless and bewildered. Did she know something? But she simply added: "We have been taking care of a one-year-old homeless cat: we took her to the vet and everything, but we can't keep her because she is constantly fighting with our own two cats. Would you like to adopt her?"

Yes, I would. Of course. 

So I followed them up the street, and I was introduced to this small, black and white character, who greeted me like an old friend, purring.


Nibbling grass: first thing in the morning

I realized that in fact, she had greeted me in the same way, on the sidewalk, two months before, in several occasions. She looked happy and well-fed (she was already under the care of the two ladies), and I had no idea she was without a home, so I had just said hello in return.

That same night, we were sleeping together.

Lola often appears to be a dog in disguise, as she runs to the door when the doorbell "rings" (which sounds rather like a strangled chuckle), or scurries across the flat to catch a ball and throws herself sideways on the floor in a rugby player's fashion, shoulders first, then remains motionless with the ball in her front paws, waiting for the crowd to cheer. 


A bit like this. (Could you resist?)

Which I do, always, by running my hands lovingly over the silky white fur of her round belly.

She is also a true Feline and, as such, a self-appointed Zen master, reminding me to be in the present, to follow my intuition, to rest often, to play, and to dance. Just for the joy of it.

And of course, she is my Muse.


Sleeping in my notebook

Which means you will get other occasions to see her in this space  :o) 

Although she'll be quite happy to share it with many other animals. And birds.

:o)

PS - More drawings (and pictures) available in the French version : Lola le chat



mardi 21 janvier 2014

Lumière changeante


Mon cœur a longtemps été partagé entre un profond besoin de m’immerger dans la nature pendant des heures, une tendresse grandissante pour mes frères humains, et le sentiment que je devais créer quelque chose à partir de tout ça.

Ciel vespéral au-dessus du Mile-End

Absorber le monde naturel (ou me laisser absorber par lui ?) impliquait de perdre la notion du temps, et de laisser les pensées se dissoudre : c’est plus difficile qu’il n’y paraît, mais lorsque j'y parvenais, j’aurais voulu prolonger toujours cette sensation d’unité. J’avais du mal à me soustraire à son appel pour aller travailler, enfermée, et je me sentais coupable et triste de manquer le jeu de la lumière changeante, la grande main joueuse du vent, la voix caressante des arbres.

D’un autre côté, dessiner et peindre cette troublante beauté du monde, animaux et humains inclus, m’apparaissait être intimement lié à notre mission à chacun, en tant qu’être vivant : incarner notre manière propre de ressentir et d’aimer.

Sorbier printanier (Sorbus aucuparia)

La façon dont un arbre tend ses branches vers la lumière devient une sculpture vivante, émouvante et unique de son histoire d’amour avec le ciel, le vent, les autres arbres autour de lui, les petites créatures qui l’habitent.

Mais en tant qu’être humain, je dois organiser mes pensées et mes journées, développer mes dons par une pratique assidue, et prendre en compte une foule de questions pratiques (dont la nécessité de gagner mon pain) avant de pouvoir exprimer pleinement ma perception particulière du monde – à travers l’art et le conte, ou la danse, ou la musique.

Me voici enfin, à l’aube de 2014, sur le seuil de cette grande porte qui s’ouvre : ma technique s’est affirmée;  je vois clairement où je m’en vais; et si je gagne à peine ma vie comme traductrice, j’ai maintenant suffisamment de temps et d’énergie pour faire advenir plusieurs projets artistiques qui ont germé en moi - et qui s’apprêtent à devenir des arbres.

Ce blogue est l’espace où vous les verrez grandir  :o)

Petit groupe de jeunes sorbiers ondulant vers la lumière

Mes articles seront disponibles en français et en anglais, chaque version étant illustrée par une sélection différente de mes photos, dessins et autres bonheurs visuels. En fait j’ai tout un beau programme qui attend de se déployer sur ces pages… Vous verrez.

Et je me demande si c’était la même chose pour vous ? La création de votre blogue (votre livre, votre groupe de musique) était-elle dictée par la conviction que c’était maintenant ou jamais, que vous aviez quelque chose d’important à partager, même sans trop savoir encore à quoi vous attendre ?


ps – la version anglaise est parue sous le titre Changing light.

dimanche 19 janvier 2014

Changing Light


For a long while my heart was divided between a strong need to immerse myself in Nature, a growing tenderness for my fellow humans, and a calling to create something out of it all. 

Late afternoon sky in the Mile-End

Absorbing the natural world meant loosing track of time and thoughts, which is harder than it sounds, but quite addictive. This is what we truly are here for, I thought - and I often felt sad, deprived and guilty when I had to work indoors, missing the changing light of that day, the pull of the wind, the voice of the trees.

On the other hand, drawing and painting this beautiful world, animals and humans included, seemed intimately linked to our mission as a living being, which is to bring forth our unique, vibrant way to feel and to love. 

One of my good friends: a huge Cottonwood (Populus Deltoides) in Parc Lafontaine.
The pale young leaves in the foreground belong to a Red Oak (Quercus Rubra)

The way a tree holds up its branches to the light becomes a living, changing sculpture of its love affair with the sky, the wind, the other trees, the small creatures inside and around. 

As a human being, however, I must organize my thoughts and my days, practice my skills tirelessly, and get involved in many practical preoccupations (like getting some food on my plate) before I can bring forth my own way to see the world - through art and storytelling, or dance, or music. 

But here I am at last, on the dawn of 2014: my technical skills have developed satisfyingly over the years, I can truly see where I am going, and if I scarcely make a living as a translator, I now have the time and energy to bring forth various art projects - seedlings from my soul on their way to becoming trees.

This blog is where you can watch them grow  :o)

Tender leaves from another friend: Rowan (Sorbus Aucuparia) on Mont-Royal

As a bonus, each post will include a French and an English version, complete with photos, drawings, sometimes a painting... I have quite a nice program in store, in fact. You’ll see. 

Was it the same for you, I wonder? Was the creation of your blog (your book, your music band) dictated by a sense that it could not really wait any longer? That you had to share something important, even if you were not quite sure yet what it would turn out to be?

PS - French version coming tomorrow, under the title Lumière changeante :o)